Quand Chloé Sainte-Marie me fait une invitation, je n’hésite jamais. Je me lance, j’accours vers le lieu donné.
C’est pourquoi j’étais à l’ouverture officielle de l’exposition de l’amour de sa vie, le réalisateur Gilles Carle présentée à l’Arsenal dans Griffintown. Intitulée Partage et héritage, elle comprend plus de 450 dessins de l’artiste et plusieurs peintures impressionnantes, applaudies par Louise Portal et Armand Vaillancourt, croisés le même soir.
Tout au long de sa vie, Gilles Carle a peint. Il a d’ailleurs étudié aux Beaux-Arts et à l’école des arts graphiques de Montréal. Le grand Alfred Pellan a même été son professeur. Sur les murs de la salle d’exposition ses œuvres sont placées en forme d’œil (l’œil du réalisateur, quelle métaphore!). On réalise tout de suite que Gilles Carles s’amusait avec ses pinceaux. Plutôt que de choisir un style, il emprunte et expérimente, inspiré par les plus grands. On y voit des copies à s’y méprendre de Picasso. On saisit les jeux de pinceaux des maîtres qui étrangement sont aussi mes préférés: Paul Klee, Miro, l’art optique de Marcel Barbeau, l’art abstrait de Pellan ou de Paul-Émile Borduas. L’acrylique, l’estampe… Les techniques et matériaux se croisent sans se voler la vedette. Les œuvres ne sont pas toutes signées, la preuve que Carle peignait pour le plaisir. Son œil amusé et allumé se ressent partout où l’on jette le regard. Perso, je suis tombée amoureuse de cette œuvre rosée non signée par l’artiste.
À l’Île verte, dans le Bas-Du-fleuve ou ils ont habité pendant des années, Chloé Sainte-Marie avait fait construire un studio d’art et Gilles y passait des journées entières. Elle partait en tournée? Elle lui suggérait de lui créer une oeuvre. Sa toile préférée? Un carré vert, intitulé Spermographie, affiché tout en haut, à la bordure des cils de l’œil géant. La preuve que les deux artistes avaient un sens de l’humour commun indéniable.
Elle sourit en me présentant ces toiles. Je lui pointe un mini portrait d’elle de style calligraphique, mon préféré. Je lui dis que celui-ci ne peut partir dans les mains d’un acheteur. Bien que le visage de Chloé soit partout dans l’œuvre de Carle, celui-ci est particulier. Il m’attendrit particulièrement par sa beauté, sa finesse et par le respect de sa muse, que l’on voit, sinon, dans toutes les positions tout au long de l’exposition.
Chloé a été dessinée, caricaturée, dénudée par l’artiste sur papier pendant leur longue relation. Certaines oeuvres ont fait des couvertures d’affiches et d’albums, mais la majorité d’entre elles sont des révélations. Tantôt humoristiques, souvent irrévérencieux, ces essais et publicités remplis de slogans tous aussi surprenant les uns que les autres, sont réunis sur d’immenses tables au milieu de la salle.
Autre moment choc qui est une idée de la productrice de l’événement, Emmanuelle Duperré: les trois dernières toiles peintes par l’artiste atteint de Parkinson avant son décès en novembre 2009 sont plantées devant la chaise roulante de l’homme. On y a jeté le manteau vert que portait toujours l’artiste, son préféré. Celui qui doit peindre les nuages aujourd’hui fait sentir sa présence encore ici-bas.
L’ouverture officielle de l’exposition aura lieu ce samedi 31 mars, de 13 à 17h. Chloé chantera avec sa chorale à 15h. Le prix d’entrée est de 10$. Les oeuvres de Gilles Carle seront en vente à des prix variant entre 2500$ et 6000$ pour les dessins et entre 8000 et 50 000 pour les peintures.
Il y aura également deux soirées de projection des films de Gilles Carle les 5 et 12 avril.
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Site Web: arsenalmontreal.com