Notre relation avec l’argent est souvent le plus grand des tabous dans la vie de tous les jours. À moins de vraiment se valoriser par le fait d’en faire, c’est très souvent un sujet trop intime pour être discuté autour d’une tasse de café.
Je l’avoue, juste le faire d’écrire ces lignes me donne des hauts le cœur. Je n’aime pas parler d’argent dans ma vie privée, alors imaginez sur un blogue… Mais voilà qu’il y a quelques jours, je suis sortie avec des copines pour notre girls night traditionnel. J’étais super contente de revoir l’une d’entre elles que je n’avais pas vue depuis juin. J’avais appris entre les branches qu’elle avait rencontré quelqu’un et qu’elle filait le parfait bonheur. En fait, c’était ce que je croyais, parce qu’elle nous a annoncé ce soir-là que sa relation c’était terminée d’une drôle de façon. La relation de son ex avec l’argent la faisait sentir mal à l’aise. Elle revenait tout juste d’un voyage d’une dizaine de jours en Europe avec lui. Qu’on s’entende bien ici, ma chum gagne bien sa vie. Elle n’a aucun problème avec les sous. Elle avait payé son voyage et sa part d’hôtel, mais rendue sur place, elle y était allée un peu random et selon ses moyens. Des fois, elle payait et d’autres fois, c’était lui. Pour elle, il n’y avait pas de soucis alors quelle ne fut pas sa surprise lorsque son Roméo, pendant le vol de retour, a sorti une pile de factures et a commencé à les démêler devant elle. Il faisait les comptes! Il avait gardé toutes les factures de ses achats. Pas elle. Lorsqu’elle lui a demandé ce qu’il faisait, il lui a répondu qu’il regardait si les transactions avaient été équitables. Ma chum a écarquillé ses grands yeux et lui a dit: mais on aurait dû convenir de ça avant de partir! Je n’étais pas au courant.
Il y avait eu quelques indices avant-coureurs de la relation du monsieur avec ses sous avant le voyage, mais ce fut le coup de grâce. Son chum était extrêmement économe. Pis ça, ça peut être un immense irritant quand toi tu ne l’es pas.
Les questions d’argent et de partage des factures peuvent être un véritable casse-tête. Pensons à la première date avec un soupirant. Si nous allons prendre un verre, chacun paie sa part ou c’est l’homme qui invite? Car oui, messieurs, la pression sociale vous met souvent dans cette position, mais la marche à suivre n’est pas vraiment limpide aux yeux de tous. Un ami m’a déjà dit: quand tu as une première date avec un gars, tu ne devrais même pas porter ta main sur ton portefeuille quand vient le temps de payer. Un autre m’a dit qu’il aimait payer, mais que si la fille lui offrait de le faire, ça lui faisait plaisir. Ça ajoutait à son charme. Moi, j’ai réglé ça. C’est chacun sa part. Si le gars insiste, je ne me ferai pas tordre un bras, je vais le laisser faire, mais dans mes valeurs à moi, il est certain que la prochaine fois (s’il y en a une) je vais payer. J’aime que ce soit égal selon mes moyens.
Mais ça reste que c’est toujours un sujet délicat. Un homme qui n’offre pas le premier verre peut tout de suite être qualifié de radin et une femme qui accepte trop vite de profiteuse. Les préjugés fusent de toutes parts quand vient la facture. Une fois, je suis sortie avec un gars que j’avais rencontré par l’entremise d’amis communs. Quand la facture est arrivée, avant même que je dise quoi que ce soit, il m’a tout de suite spécifié qu’il n’allait pas payer pour moi, car il avait trop payé pour toutes les autres filles avant moi. Il m’a dit que là, il voulait une fille qui l’apprécie pour lui et non pour son argent. Bon point. Mais en même temps, une femme ne va pas plus t’apprécier pour toi parce que tu ne lui paies pas un verre. On jase-là. Pis pour me faire sentir spéciale, on repassera. Ce n’est pas parce qu’il ne voulait pas payer mon verre, mais surtout parce qu’il a spécifié qu’il l’avait fait POUR TOUTES LES AUTRES FILLES AVANT! Ce commentaire, je m’en serais vraiment passé!
Un autre fois, après une première date où nous avions chacun payé nos consommations, un charmant monsieur m’a texté ceci: J’ai beaucoup aimé notre soirée. J’aimerais qu’on recommence. Laisse-moi t’inviter dans un grand restaurant. Je l’ai trouvé galant et j’ai accepté avec grand plaisir. Se faire gâter une fois de temps en temps, c’est cool non? Il m’a demandé de choisir le restaurant ce que j’ai refusé d’emblée. Je ne voulais pas lui imposer mes choix. C’est lui qui invitait alors c’était à lui de choisir selon ses envies et ses moyens. Il m’a donc invitée dans un grand restaurant dans le quartier Outremont. Il a commencé ça en grande pompe avec un verre de champagne! Il voulait que nous partagions des plats, alors pourquoi pas! Il semblait heureux et je l’étais moi aussi. J’appréciais vraiment ce moment. Il insista pour que nous prenions un digestif. C’était est jour de fête! YÉ! Mais quel choc j’ai eu quand le serveur demanda comment ça allait se passer pour la facture. Mon soupirant a répondu du tac au tac: ça va être deux factures. OK, le gars m’avait invitée, mais nous avions chacun notre version du mot «invitation». Moi, c’était qu’il allait m’offrir le repas et lui, c’était pour m’inviter à prendre place dans le même restaurant que lui. De plus, j’étais pas dans une période très glorieuse financièrement et je n’avais pas les moyens de souper à cet endroit. J’ai donné ma carte de crédit et j’ai prié très fort le p’tit Jésus pour qu’elle ne soit pas refusée. J’étais encore sous le contrecoup de comment j’allais payer quand l’homme m’a exprimé le désir de me réinviter la semaine suivante, car il avait en tête un autre restaurant qu’il voulait essayer avec moi. Ben non, ce n’était pas possible. Je n’en avais pas les moyens et le lui dire, ça l’aurait sans doute rendu mal à l’aise et ça aurait gâché son plaisir. Je ne l’ai pas rappelé, car mon portefeuille ne me le permettait pas. C’est vrai que j’aurais peut-être dû m’avancer et être honnête avec lui, mais parler d’argent au début d’une relation c’est hyper intime et délicat.
Quand le couple évolue, je sais qu’il y a des arrangements qui se font. On va prendre une carte de crédit à deux. On va avoir un compte commun. On va essayer d’être équitable selon les moyens de chacun. Mais ça reste que c’est un sujet jamais le fun à aborder et que si ça peut devenir une dépendance pour certains, ça peut aussi être le plus gros des irritants. La raison est très peu impliquée quand on parle d’argent, car aussitôt qu’on le fait, notre orgueil et nos valeurs sont mis à l’épreuve. Et qu’est-ce qui arrive dans ce temps-là? On se met à calculer. Et calculer, c’est comme une bombe à retardement. Aussitôt qu’on se sent floué ou abusé, on explose. Pis quand la colère s’en mêle, tout devient irrationnel.
L’honnêteté est la seule clé pour avoir une relation harmonieuse avec l’être aimé et l’argent. Il faut être ouvert et accepter que l’autre n’a pas nécessairement avoir la même vision que vous quant à la façon de vivre avec. On ne se racontera pas d’histoire, l’argent, c’est comme l’air qu’on respire, nous en avons besoin pour vivre. On ne peut pas faire semblant que ça n’existe pas. Il faut juste trouver la bonne entente, les bons moyens pour ne pas que ça devienne lourd à porter parce que si l’argent peut faire le bonheur, il peut aussi être une cause de malheur.