Je ne sors pas beaucoup durant l’hiver. Je fais comme les ours; j’hiberne. Au point où certains de mes amis me trouvent un peu plate… Toutefois, ce n’est pas parce que je suis en mode cocooning que je ne suis plus intéressée à rencontrer. Au contraire, je sais à quel point il serait agréable de partager un bout de doudou avec quelqu’un.
Ceci dit, le seul endroit où il pourrait potentiellement m’arriver de faire une rencontre ces temps-ci (à part les réseaux sociaux), c’est à l’épicerie du coin. Premièrement, parce que j’y vais régulièrement et, deuxièmement, parce que les hommes célibataires doivent forcément finir par avoir besoin de remplir leur frigo.
CIBLE EN VUE
C’est ainsi qu’un certain mercredi soir il y a environ un mois, je détecte au loin — dans la rangée des fruits et légumes — ce que j’appelle un «potentiel». Un beau grand mec, sportif et stylisé, et qui pousse un tout petit panier. Donc, techniquement, un célibataire…
Mais je n’en suis pas certaine toutefois, car j’ai parfois le chic pour me mettre les pieds dans les plats et oser parler à quelqu’un dont la compagne n’est pas très loin et qui risque d’arriver plus vite qu’un coup de vent pour s’enquérir de ce qui se passe. (Ça m’est presque arrivé à la pharmacie dernièrement. Ouf!)
L’APPROCHE
Mon premier réflexe a donc été de me diriger vers la rangée des fruits et des légumes en ayant l’air le plus naturel possible. (Dans les faits, ça signifie que j’avais l’air vraiment, mais vraiment louche. Surtout que j’en revenais… des fruits et légumes.)
Lorsque nos yeux se sont croisés, j’ai ressenti un profond malaise. Détrompez-vous ici; rien à voir avec la flèche de Cupidon, mais plutôt celle d’un Iroquois reçue en plein front. En fait, son regard était froid comme l’hiver et cela m’a totalement déstabilisée. J’ai donc ramassé n’importe quel légume qui se trouvait là devant moi et je me suis presqu’enfuie en courant en me sentant quelque peu stupide.
Oui, c’était un bel homme, mais il avait l’air « bête », complètement fermé. Alors qu’est-ce qu’on fait avec ça, me suis-je dit? En temps ordinaire, j’aurais baissé les bras, mais comme c’était le seul potentiel rencontré depuis des semaines, je n’allais pas abandonner aussi rapidement. Et puis, j’avais le goût de sortir un peu de ma zone de confort, moi qui ne suis pas trop du genre chasseuse habituellement.
C’est ainsi que, de rangée en rangée, nous nous sommes croisés à plusieurs reprises. Parfois, c’était voulu de ma part, mais parfois c’était le fruit du hasard… C’était d’ailleurs étrange de voir à quel point, lui et moi, n’avions aucune structure ce soir-là. Ainsi, je faisais la rangée 6, puis je revenais dans la rangée 4 et me retrouvais ensuite dans la rangée 8 pour réaliser que j’avais oublié quelque chose dans la rangée 3. Vous voyez le pattern?
Tant et si bien que nous avons fini par nous retrouver face à face à quelques reprises et qu’il a maladroitement foncé dans un des frigos au moment où nous nous sommes retrouvés coincés dans un couloir. À ce moment, un sourire à peine perceptible s’est dessiné sur ses lèvres… J’ai même dû repasser la bobine au ralenti dans ma tête pour être certaine qu’il s’agissait bien d’un sourire et non d’une grimace.
Cette quasi-torture s’est poursuivie jusqu’aux caisses. À ce moment-là, j’ai remarqué qu’il commençait à tourner la tête pour me chercher du regard. Peut-être se disait-il: «C’est qui cette folle qui me suit partout dans l’épicerie?» Hihi… C’est fort possible.
J’ai donc fait deux dernières tentatives, soit de flâner au comptoir des loteries et de faire semblant de prendre un message sur mon cellulaire dans le hall d’entrée afin de le croiser une dernière fois à sa sortie. Puis, j’ai réalisé que mon langage corporel, c’était du caca de chien finalement. Qui oserait aborder quelqu’un qui est aussi naturel qu’un robot mal programmé? La réalité était que je n’arrivais pas à le regarder dans les yeux et que j’avais deux manches à balai qui me servaient de jambes. Mon très grand inconfort devait se sentir à des milles à la ronde.
Mon histoire s’est terminée sur un dernier regard jeté au loin dans le stationnement. Déception totale. Je me suis alors demandé ce que j’aurais bien pu faire de différent, ce soir-là, pour que les chances d’établir un premier contact avec cette personne soient augmentées. Et puis, j’ai pensé poser la question à mon ami, David, coach en séduction.
LES CONSEILS DE DAVID
Tout d’abord, bravo pour avoir osé initier l’approche plutôt que de t’être enfermée dans le modèle stéréotype de la femme abordée. Ta difficulté à communiquer de façon non verbale est un exemple parfait de ce que doivent régulièrement affronter les hommes.
Le premier point à comprendre ici, c’est qu’une femme a tendance à voir le langage corporel du visage de l’homme — son degré de présence et son enthousiasme — comme un signe ou non de chaleur alors qu’en réalité, l’individu est probablement simplement «hors scène» ou «dans sa tête».
C’est pourquoi il est conseillé de créer la vibe, d’alléger l’atmosphère. Il ne faut pas oublier que les hommes aussi sont excellents pour entretenir un discours mental très négatif.
L’APPROCHE SPONTANÉE
Ce qu’il faut se rappeler dans un contexte d’approche spontanée — comme c’est le cas ici — c’est qu’on doit procéder le plus rapidement possible. La règle des 3 secondes est primordiale. Il ne faut surtout pas attendre et se mettre à analyser. L’idée, c’est de lancer une phrase affirmative (surtout pas une question) en jetant un regard par-dessus son épaule. Ça n’est pas menaçant et ça nous permet de poursuivre notre interaction en toute spontanéité.
DES PERCEPTIONS DIFFÉRENTES
La femme a souvent peur d’avoir l’air de ceci ou de cela si elle ose aborder un homme. Pourtant, pour la majorité des hommes, ces gestes audacieux sont perçus comme une providence. «Mon Dieu, je me fais approcher par une femme… Je dois être en train de rêver.»
On pense souvent à ce qu’on pourrait perdre à aborder quelqu’un qu’on ne connaît pas, mais rarement à ce qu’on risque de gagner. Alors pourquoi ne pas foncer!