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« Au fil de la chanson… un silence qui résonne »

L’autre jour, j’étais dans la cuisine en train de préparer le repas des enfants en répondant aux mille et une questions de mon petit Hadrien. Je venais tout juste de demander à ma fille, Ella-Grace, d’aller pratiquer son piano. Je ne portais pas vraiment attention à ce qu’elle jouait, mais j’entendais la mélodie de loin.

Tout d’un coup, un frisson m’a traversé le corps.

Curieuse, j’ai marché sur la pointe des pieds vers l’autre pièce pour mieux entendre ce qu’elle pianotait. Il me semblait avoir reconnu l’air de la musique. Elle était assise là, les yeux fermés et le visage attendri, en interprétant les dernières paroles de la chanson « Before you go » du très populaire Lewis Capaldi. Cette œuvre parle de suicide et de la culpabilité que les proches peuvent ressentir après le départ tragique d’un être cher.

Cette année, la chanson me fait penser à tous ceux et celles qui souffrent, particulièrement ces jours-ci avec la pandémie qui accentue les problèmes de santé mentale pour plusieurs.

Je me demande si à son âge, Ella-Grace comprend réellement la profondeur de ce type de paroles. Je me rappelle d’une conversation entre elle et ma belle-mère, où Margaret avouait ne pas pouvoir retenir ses larmes à l’écoute de cette chanson. Je la rejoins dans ses sentiments. Ma famille a perdu un très jeune cousin, alors qu’il expérimentait avec un dangereux jeu de pendaison. Son départ a laissé des blessures profondes.

Depuis quelques années, on parle davantage des enjeux entourant le suicide et les idées suicidaires dans les espaces médiatiques. Je pense, entre autres, aux séries télévisées populaires et aux multiples films sur la dépression et les autres problèmes de santé mentale comme l’anorexie. Plus que jamais, on en parle ouvertement. Mais tout comme les célébrités du passé, que ce soit Kurt Cobain ou Sylvia Plath, cette nouvelle réalité arrive aussi avec son lot d’héroïsme pervers et de comportement d’auto-sabotage qui peuvent s’avérer profondément dangereux.

En tant que société, on a entamé des conversations importantes et le gouvernement fédéral actuel a investi des sommes historiques en matière de santé mentale. Cela dit, il reste encore beaucoup à faire. Et ce travail, il commence à la maison, à l’école et dans toutes les sphères décisionnelles.

Les gens qui ont des pensées suicidaires vivent beaucoup d’incompréhension et de solitude. Ensemble, on doit leur démontrer plus de compassion et de soutien.

Tout le monde souffre à sa manière, parce qu’en tant qu’être humain, on a besoin d’être accepté et aimé tel que l’on est. L’amour familial est crucial, mais il ne peut pas à lui seul sauver des vies. Il y a tellement de facteurs qui peuvent altérer l’état de notre santé mentale : l’isolement, les pressions sociales, le rejet, un manque de confiance en soi, les standards toxiques et inatteignables de féminité et de masculinité, les facteurs d’injustices socioéconomiques, sans oublier la pression immense que les jeunes vivent sur les réseaux sociaux.

Il faut se l’avouer : on vit dans un monde et une culture populaire qui fait parfois la promotion de la haine de soi, de la jeunesse à tout prix et du « j’aime, je jette ». S’ajoutent à ça l’anxiété, le manque de sommeil, l’absence d’exercice physique, la consommation et ses dépendances ainsi que les historiques familiaux de santé mentale. Comment peut-on s’aider à retrouver notre équilibre mental en tant que société ?

Les plus récentes données de l’Agence de la santé publique du Canada estiment qu’il y aurait eu une moyenne d’environ 11 décès par suicide chaque jour en 2016. Et ces mêmes données montrent que le suicide était la deuxième cause de mortalité chez les jeunes entre 15 à 34 ans. Cette réalité a un coût incalculable pour notre société.

On doit continuer à agir, mais comment ?

Et si on approfondissait nos connaissances, notre compassion et notre amour envers nous-mêmes et les autres ?

Et si on se sentait réellement à l’aise d’exprimer toutes nos émotions ?

Et si on enseignait à nos enfants à reconnaitre et à gérer leurs pensées sombres ?

Et si on formait des pédiatres, des enseignants, des travailleurs sociaux et des médecins de famille avec des connaissances plus approfondies sur le bien-être mental ?

Et si on apprenait la prévention aux parents et aux employeurs, aux enfants et aux adolescents ?

Et si on continuait à lutter contre les injustices et les inégalités sociales et économiques ?

Si on relève ces défis, on va aboutir à quelque chose. C’est à chacun d’entre nous de construire une société plus saine et plus en santé, une personne à la fois.

L’une de mes bonnes amies de l’université a travaillé longtemps à Suicide Action Montréal et elle m’a fait remarquer que, pour trop de gens, le suicide est une solution définitive à un problème temporaire. Personne ne devrait souffrir dans la honte et la solitude. À travers mon bénévolat des dernières années, en écoutant de multiples témoignages, je me suis rendu compte que de souffrir en silence peut être mortel.

Pour aller de l’avant, on doit se partager nos états d’âme. Être à l’écoute de soi-même et des autres sans jugement, ce n’est pas toujours facile. Mais imaginez-vous pour une seconde si l’on prenait le pari de se faire davantage confiance et de s’ouvrir l’un à l’autre dans la bonté humaine… On aurait une tout autre société ! Mais plus encore, je crois sincèrement qu’on serait plus heureux. Ce qui est réprimé doit être exprimé pour progresser.

Si vous, ou quelqu’un que vous connaissez, vous sentez à risque, ces ressources peuvent vous aider :

  • Services de crises Canada : composez le 1-833-456-4566 | Textez 45645
  • Jeunesse, J’écoute : composez le 1-800-668-6868
  • Ligne d’écoute d’espoir : composez le 1-855-242-3310
  • Suicide Action Montréal : composez le 1-866-277-3553

Vous pouvez également avoir accès à des travailleurs sociaux, à des psychologues et à d’autres professionnels pour des sessions confidentielles de clavardage ou des appels téléphoniques en textant MIEUX au :

  • 686868 pour les jeunes
  • 741741 pour les adultes

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