Pour plusieurs jeunes, Instagram, Snapchat et YouTube sont dépassés. C’est maintenant TikTok, l’application à avoir. En 2018, elle fut la plus téléchargée et, avec plus de 500 millions d’utilisateurs, elle figure au top 5 du Apple Store. De prime abord, l’application a été créée pour se filmer en train de faire du lipsync.
J’en ai discuté avec les préados de ma classe, question d’avoir leur avis. À la simple mention du mot TikTok, la frénésie s’est emparée du groupe. Ils en avaient long à dire.
C’est quoi TikTok?
–Oh, M. Alex, c’est vraiment trippant! On peut faire des vidéos en train de chanter ou faire du lipsync!
-Et c’est gratuit!
-Oui, et on peut faire des sketchs vraiment drôles. Moi, j’en fais presque chaque semaine avec mon frère.
– Moi, je me déguise et je danse sur mes chansons préférées d’Ariana Grande et mon frère imite Shawn Mendez!
-Oui, moi j’en regarde chaque soir! J’ai vu une vache qui léchait le visage d’un monsieur! Il y a aussi une fille qui fait toujours des sketchs avec son frère. Hier, il fallait qu’ils dansent avec les pieds attachés.
– Oh, moi j’en ai regardé un où la fille dansait tellement mal! J’ai tellement ri!
-On peut aussi lancer des défis et on les réalise devant notre caméra. C’est trop l’fun, faut que vous essayiez.
-Avez-vous un compte, M. Alex?
Ce n’est pas comme YouTube?
–Oui, mais c’est encore plus trippant parce qu’on peut mettre des effets. Essaye-le, M. Alex!
– Oui, c’est presque pareil parce qu’on peut mettre des likes, on peut écrire des commentaires, on peut suivre des gens, mais c’est mieux.
Bref, TikTok, les jeunes aiment ça!
Après quelques recherches
À la suite de cette discussion, j’ai fait quelques recherches, me demandant si cette application était aussi trippante que ce qu’ils prétendent.
J’ai d’abord appris que jadis, l’application s’appelait musical.ly. Celle-là, je la connaissais déjà. Sa fonction première est de se filmer en faisant du lipsync, mais toutes sortes de vidéos peuvent y être retrouvées, comme des sketchs, des parodies, des défis, des scènes loufoques, de l’art, etc. On peut y faire des recherches de vidéos par thème, style ou mots-clés. Il n’y a pas de publicité; ce n’est qu’une application de création.
Est-ce sécuritaire?
Comme pour toutes les applications, il est primordial de régler ses paramètres de confidentialité, la localisation, par exemple. Régler son compte à «privé» est la meilleure chose à faire. C’est plus sécuritaire, car l’utilisateur choisit les destinataires de ses vidéos.
L’âge légal pour avoir un compte sur tous les réseaux sociaux est de 13 ans. Mais plusieurs utilisateurs de TikTok n’ont que 10-11 ans, certains sont encore plus jeunes. Une bonne discussion sur la cyberintimidation est de mise.
Jusqu’en 2016, l’application incluait une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de consulter la liste des personnes se trouvant à moins de 80 km. Heureusement, cette option a été supprimée.
En février dernier, l’entreprise fut accusée d’avoir collecté illégalement des données sur des mineurs. TikTok a préféré régler à l’amiable et a accepté de payer 5,7 millions de dollars américains à la Commission fédérale du commerce des États-Unis (FTC). Pour ouvrir un compte, les jeunes devaient fournir leur nom, leur numéro de téléphone, une photo, une courte bio ainsi qu’un courriel. Certains inscrivaient même le nom de leur école. C’est illégal de récolter ce genre d’information auprès de personnes de moins de 13 ans aux États-Unis. Depuis, TikTok essaie de supprimer toutes les vidéos d’enfants de moins de 13 ans de sa plateforme.
On y retrouve quoi?
Outre les nombreuses vidéos anodines, les jeunes utilisateurs risquent de tomber sur des vidéos de danse plutôt… révélatrices. L’hypersexualisation y est présente. S’offrir en spectacle peut être aussi très attirant pour des adultes mal intentionnés. Ils peuvent facilement entrer en contact en message privé. Il faut donc faire très attention.
Ne soyons pas surpris de retrouver sur TikTok des vidéos sombres et dérangeantes, prônant la violence, les armes ou la radicalisation. Ce n’est pas la règle, mais le nombre d’utilisateurs étant si élevé, s’y glissent certains mal intentionnés.
Les commentaires écrits sous les vidéos peuvent être sympas, mais il n’est pas rare d’en trouver des haineux, dégradants et insultants. Un adulte qui reçoit ce genre de commentaires est peiné et fâché alors, imaginez les ados. Ils sont souvent détruits. À surveiller de très près.
On permet?
Bonne nouvelle, un mode restreint de l’application a été créé. Il est impossible d’y laisser des commentaires et les vidéos présentées sont filtrées. Cela peut être une option.
Pour l’application générale, suggérée aux plus de 16 ans, on en discute avant avec ses parents, on règle les paramètres et on surveille de près ou de loin. Il est possible d’en faire un usage très sain, il suffit d’avoir un bon encadrement et un excellent jugement.
Pourquoi ne pas y jeter un coup d’oeil vous-même avant de prendre une décision?